Fin août, avec Kim nous avions envie de grandes échappées verticales sans pour autant marcher longuement pour atteindre le pied des voies. Nous décidons finalement de retourner à La Palud-sur-Verdon, au "centre névralgique des grimpeurs" comme le dit si justement Bruno Clément dans son dernier topo. Voici un tour d'horizon de nos belles envolées dont chaque accès se fait en rappels vertigineux au-dessus de ces gorges mythiques !
JOUR 1. Orage verdonnesque au secteur du Labo de l'Imbut
La météo s'annonce orageuse en fin de matinée et ici les orages sont réputés être surprenants. Nous tentons malgré tout une séance de couenne au Labo de l'Imbut avec son approche courte au-dessus du belvédère du Maugué. Les gorges du Verdon sont connues avant tout pour la grande voie mais offrent aussi un beau panel de sites
sportifs d'une longueur. Finalement, la séance aura été bien courte : une pluie diluvienne, la grêle et les coups de tonnerre apocalyptiques nous contraignent à réchapper.
JOUR 2. Paroi de l'Escalès : secteur Mégafoot
"Pique Assaut" 6c+ / 100m / Sud Est
Le temps est toujours orageux et nous préférons choisir une grande voie courte. Ouvertes par les Frères Rémi en 1987, les trois longueurs de Pique Assaut sont accessibles en trois rappels au départ de la petite terrasse de Mégafoot. Elles offrent une très belle escalade technique en dièdre et en fissure dans une ambiance assez gazeuse juste au-dessus du Pilier des Ecureuils. L'équipement est aéré dans la deuxième longueur en fissure que je complète avec deux petits Totem Cam, coinceurs idéals pour le calcaire.
Il nous reste un peu de temps avant l'arrivée du déluge, pour se rendre non loin du Belvédère de la Carelle au secteur du Troisième Ciel. Nous tirons un rappel à tour de rôle pour grimper des voies d'une longueur en moulinette en nous assurant du haut de la paroi. L'escalade en plein gaz y est raide tant sur les pieds et sur les doigts que dans la cotation. Je découvre par hasard une longueur équipée par mon prof d'escalade à la fac d'Aix, J.F Lignan et avec qui j'ai découvert la grande voie.
JOUR 3. Paroi de l'Escalès : secteur Bananes
"Helfest" 7a / 260m / Sud
Enfin une vague de ciel bleu nous permet de grimper une voie un peu plus extrême. Helfest, c'est dix longueurs homogènes dans un style varié passant de la dalle à gouttes d'eau, au mur vertical à trous, avec des passages athlétiques et en fissure. Le tout est bien équipé (2012) dans une ambiance sauvage si caractéristique des gorges. L'accès se fait par les trois rappels de Mandarin merveilleux au secteur Frime puis en deux rappels au Jardin des Suisses. C'est agréable de grimper en réversible avec Kim. Elle a une maîtrise mentale de l'escalade exemplaire : elle s'engage toujours calmement et concentrée dans ses mouvements. Elle grimpe très bien à vue et même dans la difficulté, Kim ne se plaint pas.
JOUR 4. Crête des Vernis
"Une pincée de ketchup" 6c / 280m / Est
En direction de Moustiers, cette grande voie moderne est très bien équipée et les relais y sont confortables. Ces dix longueurs se déroulent dans de nombreuses prises à trous en calcaire de couleur ocre avec de beaux passages en fissure. On est loin des dalles grises et techniques propres à l'image que l'on se fait de l'escalade verdonnesque. Elle est décrite dans le topo comme étant magnifique, ce qui est le cas. Cependant avec Kim on aura préféré l'ambiance plus préservée des autres voies que nous avons faîtes à l'Escalès. Surplombant l'entrée des gorges au lac de Sainte Croix, on grimpe ici au-dessus des pédalos et des canoés, dans une partie des gorges plus fréquentée.
JOUR 5. Paroi de l'Escalès : Jardin des Bananes
"Le Toboggan de la mort" 6c+ / 240m / Sud
L'accès par les rappels de Heure Zéro nous introduit à nouveau dans un secteur plus reculé. Et nous découvrons un goulet impressionnant avec une escalade plus engagée que celle de la veille, qui visite plusieurs styles de la dalle à la fissure avec quelques passages en dévers. J'en garde un bon souvenir, celui d'être assise sur une petite vire assurant Kim livrée à son escalade solitaire pendant que j'observe la danse des vautours, quel spectacle ! Puis le vent se lève et au relais suivant proche de la fin, l'ambiance est tout autre. On se pèle et craignant l'orage, ma pensée de "Ah ! Qu'est-ce qu'on est bien ici !" est vite remplacée par celle de "Courage, sortons vite de là !"
JOUR 6. Paroi de l'Escalès : Demande
"Ula"6b Terrain d'aventure / 300m / Sud Est
Ce jour-ci, nos deux jeux de coinceurs sont de sortie pour l'une des grandes voies majeures du Verdon. Je l'avais faîte il y a trois ans de ça, au départ de la deuxième partie où démarrent les 200 mètres de fissures avec l'écriteau "No bolts" qui est désormais effacé. Nous décidons cette fois-ci d'attaquer la Ula du bas, ce qui ajoute 4 longueurs beaucoup moins parcourues et intéressantes sur du rocher parfois douteux. Du pied de la paroi, nous admirons cette ligne remarquablement esthétique qui est une invitation à la gravir dans l'esprit de son ouverture en 1972. Mise à part quelques points d'ancrage sur la dalle de la première partie, seuls les relais sont équipés dans la Ula. L'escalade sur coinceurs exige ici une bonne maîtrise de la gestuelle typique au terrain d'aventure entre coincements et ramping avec quelques passages patinés. Je trouve cela excitant de grimper des voies non équipées car on s'y engage pleinement et cela demande à être plus fort(e) mentalement.
JOUR 7. Repos
Nous nous prélassons au bord du lac de Sainte Croix, regardant encore les topos. Il reste tant de voies à découvrir et d'autres projets nous donnent envie de progresser et surtout de revenir. Nous allons repartir avec des souvenirs saisissants de verticalité, où le flot des pensées quotidiennes sont restées en suspension pour se sentir vivre l'instant présent, à grimper.
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